Situé sur une parcelle vierge à la pointe du Cap Nègre, ce projet d’école se trouve dans la commune du Lavandou, au cœur du département du Var, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ce site, riche en biodiversité, se distingue par ses caractéristiques naturelles uniques, notamment un dénivelé prononcé offrant des perspectives exceptionnelles sur la mer. La proximité de la côte accentue l’attrait de cet espace où prospèrent de nombreuses espèces endémiques, dont certaines pyrophytes. Le climat méditerranéen, avec ses étés chauds et secs et ses hivers doux, crée un cadre idéal pour un projet d’habitation en dialogue constant avec l’extérieur.
Défini par le corps enseignant, ce projet répond à un besoin croissant de logements sur ce littoral prisé, pourtant menacé. Conçue pour être spacieuse, cette résidence balnéaire vise à préserver l’intégrité du site. La solution consiste à créer un bâtiment pouvant un jour être perçu comme une ruine, sans altérer massivement l’environnement par des travaux de terrassement ou la destruction d’espèces locales. L’approche choisie évite l’excès, privilégiant une esthétique sobre et respectueuse du paysage naturel et culturel.
L’objectif central se concentre sur le respect du milieu naturel et du patrimoine culturel, tout en intégrant un programme d’habitation assurant une grande capacité d’accueil et une adaptabilité dans le temps. La conception limite l’emprise au sol et garantit une accessibilité optimale grâce à un édifice de plein pied.
Les inspirations qui ont guidé ce projet découlent d’abord des caractéristiques du paysage. La parcelle s’envisage comme un jardin, au sens de Gilles Clément, dont le Jardin des Méditerranées, situé à quelques lieux, incarne cette sensibilité du vivant. Le climat méditerranéen a ensuite influencé les choix architecturaux, favorisant une connexion étroite avec l’extérieur, tout en suscitant une étude des maisons traditionnelles japonaises.
Les choix formels allient les influences de la maison provençale et de la demeure aristocratique japonaise. Les matériaux reflètent cette harmonie, avec du pin méditerranéen recomposé pour l’engawa et un squellette porteur, ainsi que de la chaux traditionnelle et des tuiles canal correspondant à l’architecture régionale, adaptées au climat.
À l’image des demeures japonaises, le jardin constitue l’enclos de l’habitation, un écrin protégeant la demeure du reste du monde. Cette première limite protectrice permet à l’architecture de s’exposer aux éléments vivants tout en préservant son intimité.
Sur la pointe du Cap Nègre, les conditions climatiques, à la fois fragiles et dangereuses, imposent de respecter le sol pour éviter l’érosion. L’implantation du bâtiment doit également tenir compte des vents forts, des risques d’incendie, de l’embrin et de la sécheresse, afin de garantir une cohabitation harmonieuse avec cet environnement exigeant.
La répartition des espaces dans le projet repose sur la nature et le dimensionnement des sols, s’inspirant des compositions traditionnelles japonaises. Chaque zone présente une finition de sol adaptée au degré d’intimité souhaité. L’accès est facilité par deux entrées conçues comme des rituels : l’une, à travers les bois, se compose d’un escalier menant à un plancher ajouré, évoquant la lumière filtrant à travers le pont d’un navire ; l’autre, côté mer, dispose d’une longue assise et d’une salle d’eau, permettant de se déchausser et de se laver du sel.
Au rez-de-chaussée, une autonomie d’habitation est envisageable, avec des espaces communs amplifiés par l’engawa. L’espace cuisine-salon-salle à manger offre une variété de vues, d’usages et d’appropriations. Les salons japonais, ou pièces tatamis, sont intégrés à plusieurs endroits, permettant une extension fonctionnelle du programme de base.
Prévue comme résidence principale, la maison peut accueillir jusqu’à 20 personnes, incluant les salons japonais et les couchages au grenier. Quatre personnes peuvent également vivre de plein pied au premier niveau, rendant l’ensemble praticable à tout âge. Cette flexibilité architecturale répond aux besoins variés des utilisateurs, les salons japonais offrant des espaces d’activités libres.
Les circulations intérieures s’orientent selon la trame du bâtiment, offrant des échappées visuelles vers l’extérieur et conditionnant ainsi la structure porteuse. L’engawa contemporain permet d’élargir les possibilités de circulation autour de l’édifice. Des accès verticaux sont également prévus, via des échelles de meunier fixées sur différentes lucarnes, à l’image de la maison Toit de l’architecte Tezuka dans la préfecture de Kanagawa en 2001.
En intégrant des matériaux éco-responsables, tels que le pin méditerranéen pour l’ossature en bois, une isolation thermique biologique, ainsi que de la chaux traditionnelle et des tuiles canal, ce projet s’harmonise avec l’architecture régionale tout en respectant l’environnement. L’engawa, en élargissant les espaces de circulation, contribue à la préservation du sol et de la biodiversité, répondant ainsi aux enjeux spécifiques du site et du climat. Conçu comme une résidence adaptable pouvant accueillir jusqu’à 20 personnes, le projet met en avant des espaces polyvalents et accessibles, favorisant un mode de vie en symbiose avec la nature. En somme, cette initiative présente une vision d’avenir visant à répondre aux défis du littoral contemporain.