Habiter le jardin est un projet de logements collectifs semi-urbains, pensé pour réinvestir une parcelle en friche de 3,5 hectares située à Chantilly, commune de l’Oise, en région Hauts-de-France. Ce site, en plein cœur de ville, longe la gare et le réseau express régional d’Île-de-France. Sa superficie généreuse et sa situation stratégique en font un emplacement clé pour le développement de nouveaux logements, en répondant aux enjeux de densification urbaine imposés par les lois Grenelle et ALUR.
Ce projet d’étude, développé en dialogue avec les élus locaux, vise à redynamiser la commune de Chantilly, qui bénéficie d’une connexion directe avec Paris. La parcelle offre l’opportunité de mieux relier les deux rives ferroviaires et de favoriser les déplacements piétons. Il s’agit également de transformer ce quartier de gare en un pôle d’échanges multimodal, tout en renforçant son potentiel de centralité urbaine avec des logements en accession, des logements sociaux, des bureaux, des commerces, et des services adaptés aux besoins des usagers.
L’intention architecturale consiste à répondre à un programme de logements denses, tout en garantissant une qualité de vie optimale pour les futurs habitants, et en s’inscrivant dans le respect des caractéristiques patrimoniales et naturelles du site.
Ce projet s’appuie sur une réflexion approfondie autour des enjeux écologiques de l’environnement de Chantilly. La forêt avoisinante, constituée de chênes, fait face à des défis liés au changement climatique, notamment le dépérissement accéléré des arbres. Préserver l’infiltration naturelle des eaux dans les sols et minimiser les perturbations du sol est devenu essentiel pour maintenir la santé écologique du site. Sur le plan architectural, les études de l’histoire des logements collectifs ont également servi de référence, en particulier deux projets emblématiques : la Cité Radieuse de Le Corbusier à Marseille et les logements-cathédrale de Sophie Delhay à Dijon. La Cité Radieuse a inspiré l’intégration de logements en duplex, une forme qui rappelle le confort d’une maison tout en s’inscrivant dans un cadre collectif. L’imbrication des espaces et la circulation commune entre les habitations y ont également été retenues. L’ambition du projet est de réactualiser cette typologie architecturale, laissée de côté depuis plusieurs décennies. En parallèle, l’influence de Sophie Delhay se manifeste par l’accent mis sur des logements traversants, offrant une meilleure qualité de vie, et sur la flexibilité des espaces. Les chambres de taille égale, réparties autour de l’espace commun, abolissent les couloirs pour maximiser l’usage de chaque mètre carré. Chaque unité offre la flexibilité de positionner la cuisine selon les besoins des habitants, grâce à quatre gaines techniques réparties aux pôles de l’habitat.
La matérialité occupe une place centrale dans la conception. Le choix s’est porté sur le CLT (Cross-Laminated Timber), un matériau innovant et modulaire, particulièrement adapté aux constructions écologiques. Le CLT présente de nombreux avantages : sa fabrication à faible empreinte carbone permet de stocker du CO2, il offre une excellente isolation thermique et acoustique, et il facilite une construction rapide et précise grâce à la préfabrication en usine. En outre, sa légèreté s’adapte à des sols fragiles, limitant ainsi l’impact sur l’environnement local. L’utilisation du CLT dans ce projet assure également une longévité accrue aux bâtiments tout en respectant les principes de durabilité. Cette solution est déployée à travers tout l’écoquartier pour créer un ensemble cohérent et modulable.
Les bâtiments s’intègrent dans la topographie naturelle du site, en se positionnant perpendiculairement aux voies ferrées et dans le sens de la pente. La terre issue des travaux de terrassement n’est pas retirée mais réutilisée pour remodeler le terrain, facilitant ainsi l’écoulement des eaux de pluie, guidées par des systèmes de drainage le long des chemins piétons et des noues. Cette approche de « terre travaillée » renforce la symbiose entre le projet et son environnement. En lien avec cet environnement forestier, l’usage du bois dans la construction évoque une continuité avec le paysage végétal. Des espaces boisés, de nature privée, semi-privée et publique, filtrent la lumière, les vues et les vents, tout en renforçant la relation des habitations avec leur cadre naturel.
Les six immeubles collectifs sont répartis de biais afin de bénéficier des meilleures orientations solaires. Cet agencement favorise l’apport en lumière naturelle et protège les habitants des vis-à-vis indésirables. L’espacement minimum de 14 mètres entre les bâtiments permet également de boiser les interstices, offrant ainsi des protections naturelles contre les vents, le soleil et la chaleur excessive.
Les rez-de-chaussée, disposés en gradins, donnent à chaque duplex un accès individuel par des jardins privatifs, créant une transition fluide entre intérieur et extérieur. Cette disposition renforce l’intimité tout en encourageant une relation directe avec la nature. Les duplex situés aux étages supérieurs sont accessibles par des couloirs traversants qui permettent de maximiser la ventilation naturelle et la circulation de l’air à travers les immeubles.
À l’intérieur des duplex, l’agencement flexible et traversant, sans couloirs inutiles, optimise l’espace disponible. Un système de circulation central libère les façades, permettant d’aménager des pièces de tailles homogènes et réparties harmonieusement. Chaque duplex présente deux types de façades : au nord, une façade tampon abritant un jardin d’hiver ventilé qui régule la température ; au sud, une loggia spacieuse faisant office de pièce extérieure. Partiellement creusée dans la structure, cette loggia, accessible depuis la pièce commune et une chambre, crée un renfoncement qui protège du soleil. La moitié de sa surface, recouverte de terre, offre un véritable lopin de jardin, permettant aux habitants de profiter d’un espace vert personnel, même en hauteur, renforçant ainsi la sensation de vivre au cœur d’un jardin.
Ce projet se veut un modèle d’écoquartier, en adoptant une démarche environnementale forte à chaque étape de sa conception. En lien avec les défis écologiques de Chantilly, tels que la préservation des sols forestiers et la gestion durable de l’eau. La conception favorise l’infiltration des eaux pluviales par un système de noues et l’intégration de la terre excavée pour remodeler le terrain. Le choix des matériaux, notamment le CLT (Cross-Laminated Timber), incarne une volonté de minimiser l’empreinte carbone tout en assurant une isolation thermique et une durabilité optimales. Ce matériau innovant et modulaire, combiné à une construction rapide et une grande adaptabilité, assure la pérennité des bâtiments tout en répondant aux normes écologiques les plus strictes.
Le projet s’intègre dans une stratégie globale de renforcement du tissu urbain et social de Chantilly. En revalorisant un site en friche situé en centre-ville, il contribue à redynamiser la commune, en renforçant les liens entre ses deux rives et en créant un espace de vie interconnecté. Ce programme mixte, qui inclut logements, bureaux et commerces, stimule l’économie locale et crée des opportunités pour les habitants tout en favorisant une mobilité douce, avec des parcours piétons et cyclables bien intégrés. L’écoquartier s’inscrit ainsi comme un pôle de centralité et d’attractivité urbaine, tout en répondant aux besoins d’une population en quête de logements de qualité, durables et respectueux de l’environnement.